Ca y est: après Porsche, Lamborghini, Jeep et Alfa Romeo la firme au cheval cabré se lance dans le sportif XXL. Son nom est prédestiné: Purosangue

Il y a des choses, comme ça, que l’on pensait impensables. Une Porsche qui s’échappe du circuit pour s’en aller faire du 4×4 et crapahuter avec les Range Rover? C’est fait! Merci Cayenne et Macan. Une Lamborghini qui mesurerait plus d’1m50 au garrot et dans laquelle on pourrait enfourner plus qu’un pilote et son copilote? C’est fait! Merci Urus. Une Jeep qui, départ arrêté, pourrait pourrir une supersportive allemande ou italienne sur 200 mètres? C’est fait! Merci Trackhawk. Une Alfa Romeo à cinq places qui serait capable de damer le pion à une Porsche ou une Renault Alpine sur une montée de col? C’est fait! Merci Stelvio Quadrifoglio. Et on ne vous parle même pas, ici, des Maserati Levante, Bentley Bentayga, Jaguar F-Pace ou Rolls-Royce Cullinan.  Alors bon, donc… Une Ferrari XXL qui pourrait venir jouer dans le troupeau de tête des SUV de luxe? C’est f… Non! Stop! Un SUV Ferrari ça n’est pas fait! Et ça ne se fera JA-MAIS!

Pourquoi? Parce que le nouveau patron de Ferrari, qui va essayer de dompter le cheval cabré dont il a hérité de feu Sergio Marchionne, est catégorique: «Entendre les mots Ferrari et SUV associés dans une même phrase est une chose que j’abhorre!» Et Louis Camilleri, qui n’est pas homme à changer d’avis facilement, en rajoute «Non, rien à faire! SUV ne peut en aucune façon être associé à Ferrari!»

Alors, quand l’impensable se produit, il Signore Camilleri trouve la parade: «Quand on m’a parlé d’un concept existant, j’étais sceptique. Vraiment très très sceptique.» Et alors? «Je dois dire que, quand j’ai vu ce design magnifique et les extraordinaires équipements, je suis devenu un supporter enthousiaste!» Bon. Alors, ok, un SUV Ferrari, donc… Non! Pas de SUV. Ja-mais! C’est clair?

Oui, mais Monsieur Camilleri a dit que… Non! La voiture dont il est devenu un fan enthousiaste n’est pas un SUV! Pas de Sport Utility Vehicle à Maranello! Jamais! Ce que Monsieur Camilleri a apprécié, en connaisseur, c’est un FUV! Un Ferrari Utility Vehicle! Non mais! Nuance… Une boutade? Que nenni! FUV est même devenu le nom de code du projet qui débouchera sur la naissance, d’ici 2022, du Purosangue ce qui, vous l’aurez compris, veut dire pur-sang dans la langue de Dante.

Ce Purosangue possédera une architecture à moteur central avant, celle-là même qui servira de base à la moitié des futures Ferrari. Les autres restant fidèles au moteur central arrière. Et comme tout bon SUV… pardon FUV moderne qui se respecte, il sera doté d’une transmission hybride, comme 60% des futures Ferrari d’ici 2022. Et, bien sûr, il sera doté de suspensions adaptatives à hauteur variable.

Que Ferrari se lance enfin dans le segment des… euh, enfin, des engins multi-usages de luxe (ouf!) n’est pas un hasard. Comme le relève très bien le directeur des ventes et du marketing de Ferrari, Enrico Galliera, «La récente accélération du marché des Gran Turismo est majoritairement emmené par le segment des SUV de luxe». (Tiens, s’il a vraiment dit ça comme ça aux investisseurs, il risque de se faire virer…)

Et puis il y a la Chine. Grande amatrice de, euh… véhicules de sport à usages multiples (re-ouf!) et le directoire de Ferrari se rend bien compte que le lancement du Purosangue là-bas, en 2022, au terme de son nouveau business plan de cinq ans, tomberait à point nommé pour renforcer la croissance de la marque sur ce marché capital.

Le défi qui attend Ferrari? Que son, euh…, nouveau véhicule versatile et dynamique (re-re-ouf) soit une «vraie Ferrari». C’est-à-dire qu’il soit en gros le plus rapide, le plus rapide, le plus maniable et le plus stylé de tous les, euh… de tous ces gros machins! (et puis flûte, à la fin!) Et Ferrari possède l’expertise et le savoir-faire pour y parvenir. Mais en ce cas, il sera radical et difficile à conduire. Ce qui  le rendra difficilement vendable en Chine. Ou alors il sera confortable, luxueux, offrira beaucoup de place aux passagers arrière et sera alors le sésame qui a toujours fait défaut à Ferrari dans l’Empire du Milieu. Mais du coup, ce ne serait plus vraiment une Ferrari. Dilemme.

L’an dernier, feu Sergio Marchionne avait promis le lancement imminent du SUV le plus rapide de la terre (il n’était pas sujet à un blocage, lui). Louis Camilleri, lui, a flairé le piège. Et juste annoncé qu’il repoussait ledit lancement de deux ans supplémentaires. Tout ça parce que «pour être certain que notre modèle soit parfait, nous avons besoin d’un peu plus de temps.» À moins que ce ne soit le temps nécessaire, pour lui, de trouver un moyen de ce débarrasser de cette fichue fixette sur les… euh… enfin, sur ces machins, là…