Au terme de négociations marathon, les autorités allemandes ont tranché: les possesseurs de vieux diesels pourront choisir entre primes ou upgrade informatique

Ainsi donc, l’équipe d’Angela Merkel a fini par trancher dans le vif: au terme de palabres interminables – les partenaires avaient des cernes sous les yeux au petit matin… à – les autorités ont fixé le sort des propriétaires d’anciens véhicules diesel trop polluants: ils auront le choix entre faire réviser leur voiture (avec une remise à niveau informatique), ou bénéficier de primes à l’achat. Fort bien: voilà une solution efficace pour mettre un terme à la surpollution des grandes villes les plus touchées, sans avoir à recourir à des interdictions de circulation.

Seuls les anciens diesels Euro 4 et Euro 5 sont concernés.

Ces mesures sont censées s’appliquer aux  véhicules qui répondaient aux standards d’émissions Euro 4 et Euro 5. (On est actuellement aux normes Euro 6). L’office fédéral allemand des transports KBA estime à 3,1 millions le nombre de véhicules Euro 4 et à 5,7 millions le nombre de véhicules Euro 5 encore en circulation en Allemagne. Soit 8,8 millions sur un parc total de 46,5 millions. Et les constructeurs espèrent que seule une petite partie des propriétaires concernés opteront pour une remise à niveau de leur véhicule.

Car là où le bât blesse, c’est que toutes ces mesures seront à l’entière charge… des constructeurs. Des constructeurs qui, on s’en doute, poussent des cris d’orfraie! Dans un premier communiqué, ils encouragent, évidemment, lesdits consommateurs à changer de voiture, ce qui leur reviendrait nettement moins cher que de devoir remettre tout le vieux parc à niveau des nouvelles normes.

Principal concerné, Volkswagen a bien voulu admettre le recours à ces remises à niveau pour ceux qui le demanderaient. Mais réclame encore des ajustement du projet politique. Tandis que BMW, lui, refuse catégoriquement d’endosser des frais d’upgrade du software de ses anciens diesel. Chez Mercedes, on admet du bout des lèvres la possibilité d’une reprogrammation, tout en exprimant clairement sa préférence pour des remises pouvant aller jusqu’à 5000 euros par véhicule.

Du côté des constructeurs «étrangers», Renault s’est déclaré prêt à consentir des remises pouvant aller jusqu’à 10 000 euros pour inciter les clients à acheter du neuf. Et au Mondial de Paris, Carlos Ghosn, tout occupé à détailler la stratégie de l’Alliance pour le futur (https://www.autofocus.news/2018/10/renault-abandonne-le-diesel/) a encore enfoncé le clou en affirmant: «Nous sommes clairement en route vers la fin du diesel. La partie est terminée!» Quant à Opel, passé depuis dans le giron de Peugeot, elle rejette purement et simplement toute idée de remise à niveau des anciens véhicules, estimant cette mesure «financièrement pas envisageable, d’autant que la technologie nécessaire n’est pas au point.» Consentir des primes, même importantes, semble donc devoir être la seule solution.

Andreas Scheuer, ministre des transports, et Svenja Schulze, ministre de l’environnement. 

Un moindre mal face aux coûts monumentaux qui attendent de toute façon les constructeurs: «C’est un processus dont la facture atteindra certainement le milliard d’euros», a souligné Andreas Scheuer, le ministre allemand des transports. «Nous sommes en train de mettre sur pied des conditions cadre pour éviter une interdiction formelle de circuler dans certaines villes, explique la ministre de l’environnement Svenja Schulze, mais nous attendons des constructeurs qu’ils fassent l’effort des primes à l’achat ou de la remise à niveau! Mon sentiment, c’est que l’industrie automobile a tout intérêt à redorer le blason du diesel.»

Les verts de Greenpeace voient rouge.

Du côté de Greenpeace, on hurle déjà au scandale, accusant le gouvernement de «ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour régler le problème du dieselgate» et les constructeurs de «vouloir exploiter la situation à leur avantage». «Les constructeurs sont en train de vouloir retourner leur tricherie à leur avantage, en proposant des ristournes qui vont fausser le marché et générer un nouveau flux de véhicules sur les routes. Cette stratégie de la fuite en avant est une menace insupportable pour le climat de la planète et qui va contribuer à épuiser encore un peu plus ses réserves.» a déclaré le porte-parole .