C’est le Mondial de l’Automobile qu’a choisi VinFast pour présenter sa marque à l’Europe. Pour l’instant, le choix est limité: une berline et un SUV

Un mélange de design italien apprêté avec un brin de technologie allemande, le tout saupoudré d’un zeste d’âme asiatique, voilà le menu que s’apprête à servir à Paris VinFast, le tout premier constructeur… vietnamien. La gamme est, pour l’instant, très limitée: une berline et un SUV. Logique, VinFast ne construit des autos que depuis 16 mois! C’est que Vingroup, l’un des plus gros conglomérats du pays, a décidé d’investir à fond dans ce nouveau secteur, puisque l’entreprise a engagé près de trois milliards et demi dans l’aventure. Et elle a décidé de s’entourer des meilleurs.  

Le boss? Ce n’est autre que Jim DeLuca, un ancien de GM qui a trouvé le moyen de prendre une «retraite» très active au Vietnam. Son job? «Créer une marque avec beaucoup d’argent, mais pas beaucoup de temps à disposition! Pour parvenir à faire en 24 mois ce qui, normalement, en demande 36 à 60, nous devions nous entourer des meilleurs!» Dont acte.

Le design? Il est signé Pininfarina. Quant aux «entrailles» des deux premiers véhicules, elles proviennent de chez… BMW. Tout simplement. La berline est construite sur une base de Serie 5 et le SUV a de fortes similitudes avec le X5. Et sous leur capot bat un coeur turbocompressé à quatre cylindres de 2 litres. Et, là encore, l’origine est à chercher du côté de la Bavière, après un petit passage dans les ateliers autrichiens d’AVL pour le fine tuning. Et c’est ZF, à Friedrichshafen, qui fournit la boîte automatique à huit rapports. Le montage et le développement ont été assuré par un autre «géant»: Magna Steyr. Détail pratique: c’est le suisse ABB qui a fourni près de 1200 robots pour assembler les carrosseries.

Pour développer et assembler ses bijoux au pays, justement, VinFast a fait construire une usine flambant neuve de 500 000 m2 à Hai Phong, à près de 80 km de Hanoi. Et engagé une première fournée de 5000 employés, prêts à travailler aux conditions locales: 48 heures par semaine de six jours, en trois roulements quotidiens, 306 jours par an, pour un salaire mensuel de 500 à 800 dollars. Imbattable. En théorie, d’ici 2025, VinFast devrait ainsi pouvoir produire 500 000 véhicules par an.

Deux autres modèles (l’un basé sur l’Opel Karl/Chevrolet Spark, l’autre devant être une petite citadine 100% électrique, basée sur un concept venu de chez… Italdesign, propriété de VW) devraient suivre, dans un délai assez bref, pour alimenter en priorité les marchés de l’Asie du Sud Est. L’exportation vers l’Europe et les Etats-Unis est prévue dans un second temps, pas encore clairement déterminé.

L’usine de VinFast à Hai Phong

D’où viennent les millions de Vingroup? Son patron, Pham Nhat Vuong, était étudiant en géologie à Moscou au moment de la chute de l’URSS. Saisissant les opportunités qui se présentaient à l’époque, il a émigré à Kharkiv en Ukraine, où il a fondé une entreprise de… fast food de nouilles! En 2009, il a revendu son florissant business à Nestlé, pour 140 millions de dollars. Ce confortable pactole lui a permis de rentrer au pays pour y fonder Vingroup, un conglomérat coté en bourse à plus de 35 milliards de dollars,  regroupant immobilier, vente, hôtellerie, santé, éducation, agriculture et, depuis juin 2017, production automobile. À noter que c’est une femme, Le Thi Thu Thuy, vice présidente de Vingroup, qui est à la tête de la division automobile.