Chez Porsche, on n’imagine le futur que survolté. À part l’icone 911, toutes les Panamera, Cayenne, Macan et même les 718 devraient rouler sur batteries

La future Porsche Taycan

Les dirigeants de Porsche l’avaient déjà évoqué à plusieurs reprises mais le responsable financier Lutz Meschke l’a encore affirmé: le lancement de la Taycan (le nom «commercial» du projet Mission e) ne sera que la première étape d’une électrification massive du portefeuille de la marque. Agendée pour la seconde moitié de 2019, Taycan ouvrira la voie du «tout électrique» aux berlines (Panamera) et aux SUV (Cayenne et Macan). Pour cela, Porsche annonce vouloir investir 6 milliards lors des quatre prochaines années.

Lutz Meschke

«Il est très probable que notre premier SUV électrique sera commercialisé en 2022. Pour l’instant, rien n’est encore définitif mais nous avons absolument besoin d’un modèle à large diffusion qui soit entièrement électrique» a-t-il annoncé dans le cadre d’une réunion tenue au centre de développement de la marque. La raison en est simple: Taycan est une voiture de niche, censée prouver à tout le monde qu’une voiture 100% électrique peut offrir toutes les qualités d’une «vraie» Porsche. Mais s’il entend parvenir à atteindre les objectifs fixés par les nouvelles normes de CO2, Porsche a absolument besoin d’un modèle à grand volume qui vienne, ensuite, faire croître les ventes de sportives électriques.

L’idée d’une berline Porsche 100% électrique a déjà inspiré les artistes…

Porsche entend ensuite poursuivre cette voie avec les prochaines générations de Panamera et de Cayenne. «Le futur des grands modèles à quatre portes passe forcément par le tout électrique», a souligné  Meschke. Et la seconde génération de Macan, prévue dans les trois ou quatre ans à venir, passera elle aussi par là. C’est d’autant plus logique que la marque «cousine» Audi possède déjà la plateforme électrique adéquate: la PPE, celle qui sert de base à l’Audi e-Tron lancée récemment et qui a été entièrement développée en partenariat avec… Porsche.

Lutz Meschke explique ce choix stratégique par une question de «masse critique»: «Nous sommes une petite compagnie et nous n’avons pas les moyens de développer parallèlement des versions électriques et des versions à moteurs thermiques sur le long terme. C’est pour quoi nous avons du faire un choix. Durant deux à trois ans, nous allons toutefois encore offrir des Panamera et des SUV à moteur classique, parce que nous ne pouvons pas passer comme cela, d’un style à l’autre dans tous les marchés.»

La très exclusive Taycan restera un modèle «de niche».

Pour autant, Porsche entend bien mettre tous les atouts dans sa manche pour réussir à électrifier ainsi près de la moitié de sa gamme à l’horizon 2025. En juin, elle a ainsi acheté 10% des actions de la start-up croate Rimac, qui a mis au point une supercar électrique aux performances proprement hallucinantes. De quoi développer des versions survoltés des «petits modèles» sportifs, du genre Boxster ou Cayman? C’est fort probable.

Mais que les puristes se rassurent: en 2025 Porsche ne se résumera pas uniquement aux «voitures à piles»! Le boss Oliver Blume a été catégorique: «Il restera toujours des Porsche traditionnelles, pour combler les amateurs de conduite classique. Depuis 1963, notre marque est célèbre grâce à la 911. Et je peux vous l’affirmer, il n’y aura pas de 911 100% électrique!» Bien sûr…

Reste que les projets de 911 électriques ont bel et bien existé. Nous avions même eu l’occasion d’en conduire une – bon, ce n’était pas une «Porsche» mais une «Ruf». Soit. N’empêche… – il y a dix ans. Et il y a fort à parier que les ingénieurs ont toujours de bonnes idées pour aller plus loin. Une fois le succès de la Taycan et, pourquoi pas, des 918 électriques confirmé, il sera toujours temps de lui reposer la question. D’autant qu’il l’a admis lui-même: une version plug-in hybrid de la 911 devrait faire son apparition dans les dix prochaines années.