La Honda NSX est une supercar d’exception. On l’a conduite sur circuit, en ville et… pour faire plaisir. Verdict? Topissime!

La NSX? C’était un peu l’«Arlésienne» de Honda. Depuis que le premier prototype a été dévoilé au Salon de Detroit, le 9 janvier 2012 très exactement, on attendait de pouvoir se glisser derrière son volant. Maintenant que c’est fait, le moins que l’on puisse écrire, c’est que cette attente valait la peine de ronger son frein!

Parce que l’histoire de cette seconde génération de supercar n’a rien d’une sinécure. En fait, entre ledit concept et le missile qu’on a pu essayer sur le circuit d’Estoril, au Portugal, il n’y a guère que… le nom qui est resté le même. Tsunami, Fukushima, tremblements de terre: les dieux du Japon, précipitant Honda dans les ennuis, semblaient s’être ligués contre cette nouvelle déesse arrogante. Jusqu’aux luttes de clans internes entre grands dirigeants nippons, d’une part, et entre les deux branches japonaise et américaine de Honda d’autre part.

Rêvée, abandonnée, repensée

Le concept Acura NSX de 2012, à Detroit

En résumé: décembre 2007, le big boss de Honda Amérique, Tetsuo Iwamura, confirme l’introduction sur le marché d’une supercar propulsée par un moteur V10. C’est le fameux concept de Detroit 2012. En décembre 2008, le grand patron de Honda Japon, Takeo Fukui, annonce en personne que, vu les difficultés économiques, le projet est… abandonné! En avril 2011, nouveau rebondissement: le nouveau shogun, Ito, relance le développement. Mieux: Iron Man pilote une NSX «intermédiaire» en lieu et place de sa traditionnelle Audi R8 dans le film «The Avengers» en septembre 2011.

Le concept NSX 2014 à Detroit: presque «vrai» 

En coulisses, pourtant, les dissensions perdurent jusqu’au moment où, lassés par tous ces atermoiements, les spécialistes de la division sport de Honda USA reprennent l’affaire en main. La NSX repart quasi de zéro. Ce ne sera plus une V10, mais une hybride. Et une hybride de choc! Son moteur principal sera un V6 biturbo de 3,5 litres développant 507 chevaux. Couplé à un moteur électrique de 48 chevaux, il entraînera les roues arrière. Tandis que, à l’avant, deux moteurs électriques de 37 chevaux entraîneront les roues avant.

Triple avantage! D’abord, les moteurs électriques délivrant toute leur puissance dès le démarrage, les accélérations de la NSX sont fulgurantes. Ensuite, l’hybridation permet de réaliser un gain conséquent de carburant, comparé à une version thermique «simple». Enfin, en jouant sur l’inversion de puissance des moteurs électrique, on obtient un système capable de freiner la roue intérieure tout en accélérant l’extérieure en virage. Ce qui confère à la NSX une stabilité et une précision chirurgicale quand il s’agit d’inscrire le museau dans une courbe, même à très haute vitesse.

Essais plus que convaincants

Terrain de jeu idéal, le Circuit d’Estoril (Por) nous a permis de nous rendre compte des qualités sportives de cette supercar. Quatre tours «de chauffe» nous auront permis de tester les quatre modes («Quiet», «Sport», «Sport +» et «Track») dont elle est dotée. De franchement très civilisée, elle est peu à peu devenue sauvage. Pour finir bestiale.

Posé sur la ligne de départ, première enclenchée, le pied écrasant les freins, on lance le moteur à fond. Un témoin s’allume: le «launch control» est opérationnel. On lâche les freins… et la NSX bondit. Hallucinant! En 3 secondes, la barrière des 100 km/h est pulvérisée! L’auto se rue à l’assaut des virages dans lesquels on l’inscrit avec la précision d’un scalpel. Le freinage est stupéfiant, les relances explosives, le contrôle total et la tenue de route impressionnante.

Et sur la route? Un parcours alternant campagne, collines, autoroutes et même… ville aux heures de pointe aura suffi à nous convaincre: la NSX sait tout faire. Mais c’est bien quand on a pu lui lâcher la bride qu’elle nous a fait battre le cœur le plus fort… 

Second round, dans le trafic «civil». Et là, croyez-nous si vous voulez, la bête sait faire patte douce et se glisser, sans sourciller, dans la circulation urbaine. Nonobstant le regard halluciné des passants, on se croirait presque au volant… d’une Civic. Souple, douce, «facile», elle se plie à toutes les situations. Et là, le mode «Quiet» fait merveille. L’autoroute? Une sinécure, à condition d’avoir des nerfs d’acier pour la maintenir dans les limites de vitesse légales. Les petites routes et le col de montagne? Un plaisir infini, tant son art consommé de jouer avec les courbes est envoûtant. À croire qu’elle a été créée pour rouler dans nos Alpes…

Troisième round: une série de runs, sur le circuit de Bourg-en-Bresse, dans le cadre d’une journée caritative pour les petits malades des HUG. Et là, rien qu’à voir le sourire affichés par ces p’tits gars et ces jeunes demoiselles au terme de quelques tours, on se dit que, décidément, Honda a réussi une voiture «magique»…

HONDA NSX

Dimensions (L×l×H): 4,49×2,22×1,20 m 
Empattement: 2,63 m 
Places: 2 
Coffre: 110 l 
Poids: 1763 kg 
Prix: 200 000 fr. 

Moteurs 

Cylindres: 6 biturbo 
Cylindrée: 3493 cm3 
Boîte: Robotisée, 9 rapports 
Chevaux: 507 (6500-7500 tr/min) 
Couple maxi (Nm): 550 (2000-6000 tr/min) 
Électrique AR: 48 ch (3000 tr/min) 
Électrique AV: 2×37 ch (4000 tr/min) 
Puissance totale: 581 ch 
Couple total: 646 Nm 

Aides à la conduite 

Contrôle SH-AWD de la répartition idéale de la traction sur les roues, contrôle direct du transfert de couple Sport Hybrid, ABS, ESP, antipatinage, suspension active, frein mécanique couplé à un système de freinage électrique (torque vectoring électrique). 

Performances 

Vitesse max: 308 km/h 
0-100 km/h: 3»0 

Consommation 

Mixte normalisée: 10,0 l 
Émissions de CO2: 228 g/km 
Étiquette énergie: N.c. 

Garantie 

3 ans ou 100 000 km