Marre des bouchons, du stress et de la morosité? On vient de passer cinq jours en first class. Ca ne va pas plus vite, mais c’est tellement plus agréable…

Croyez bien qu’on le déplore, mais le terme «plaisir de conduire» est un concept qui devient chaque jour un peu plus désuet, voire abscons. Villes saturées, pénurie de places de parc, chantiers, routes encombrées et autoroutes congestionnées s’ajoutent au coût d’achat et d’entretien conséquents d’une automobile, aux taxes sur le carburant et autres amendes pour vous ôter jusqu’à l’envie de vous asseoir derrière un volant. Pourtant il existe des voitures qui, de par leur qualité et leur caractère, permettent de rallumer la flamme du plaisir chez l’homo automobiliensis stressé, La Bentley Continental est de celles-là.

La Bentley Continental, c’est un engin hors du commun. Une voiture alliant la classe et le confort de ces mythiques reines du Grand Tourisme, dans le sens noble du terme, au dynamisme explosif d’une authentique GT, dans le sens sportif du terme. La marque a beau, depuis des années, appartenir au Volkswagen Group allemand, elle conserve un je-ne-sais-quoi de so british. Cette élégance raffinée, sans doute. Une petite plaque chromée sur le pas de porte vous l’indique d’ailleurs fièrement «Faite à la main par Bentley Motors à Crewe, Angleterre». Une façon de souligner que, même si des contraintes bassement matérialistes ont poussé le Royaume-Uni à se départir de l’un des joyaux de sa couronne automobile, tradition et quête de l’excellence restent les deux principaux points de son cahier des charges.

Car Bentley avec VW, c’est un peu comme Rolls-Royce avec BMW: un mariage contre nature, certes, mais qui se révèle au final éminemment profitable. Car ce que les belles Anglaises ont perdu en «britannicité», elles le retrouvent en technologie, en fiabilité et en perfectionnement. Des atouts qui se marient à merveille avec leur sens, inné celui-là, de la classe, de la distinction et du raffinement. La classe de Brett Sinclair alliée à l’arrogance ravageuse des Niebelungen, en quelque sorte. Une tradition d’exception qualitative à laquelle les nouveaux maîtres allemands tiennent par dessus tout. Comme le dit si bien Wolfgang Dürheimer, le CEO de Bentley Motors: «Voilà presque cent ans que Bentley est la référence mondiale en matière de Grand Tourisme. La récente troisième génération de la Continental est le symbole ultime des progrès réalisés en design et engineering. Nous sommes les leaders mondiaux en matière de mobilité de luxe et notre Continental marque le nouveau standard de référence de Bentley en la matière.» Quand on vous parlait d’arrogance…

Alors, forcément, on a eu envie de voir. Nous avons donc sollicité un essai. Demande à laquelle il a été répondu avec une politesse toute britannique. Essayer une Bentley Continental GT W12 Speed? Mais certainement? Cinq jours, cela vous convient-il? Well, of course. Quelques mails et un contrat stipulant que les éventuels dégâts causés à notre fier destrier seraient à notre charge à hauteur de 6000 euros signé, on se rend au garage, avec une impatience mâtinée de respect.

D’abord, il y a la découverte. Croyez-nous sur parole: la Bentley Continental ne manque pas son unique chance de faire une première bonne impression. Au premier regard, vous savez que cette expérience ne sera pas tout à fait comme les autres. Une sculpture! Pour parvenir à ce degrés de finesse dans le profilage des flancs et des ailes, on chauffe l’aluminium à 500 degrés, avant de le former sur des moules permettant d’obtenir des reliefs d’une précision jusqu’ici inatteignable. Le résultat? Une automobile imposante et à la fois si fluide, si raffinée et si élégante qu’elle aurait plus sa place accrochée aux cimaises d’une musée que dans un garage.

Au plumage s’ajoute ensuite le ramage. Ce moment magique où l’homme chargé de vous remettre les clés met en route l’incroyable moteur W12 à double turbo de 6 litres de cylindrée. Impressionnant! Un feulement rauque, dont les graves font trembler l’atelier tandis que, majestueuse, la Continental gagne la sortie. La vue et l’ouïe sont alors rejointes par l’odorat quand, une fois la porte ouverte, vous vous installez au volant.

L’habitacle fleure bon le cuir, un cuir aux surpiqûres superbes et qui se marie à merveille avec la laque, les inserts de bois et le métal pour donner à l’habitacle cette touche unique, entre club anglais et lounge high-tech. C’est que les maîtres artisans anglais n’ont omis aucun détail pour faire de cet espace un lieu parfait. En tout, une Continental contient par exemple plus de dix mètres carrés de bois plaqué, bi-tons, dont l’usinage et l’ajustage prennent, à eux seuls, neuf heures.

Le tableau de bord, lui, s’étire majestueusement sur toute la largeur de l’habitacle, créant ainsi une vague fluide qui court d’une portière à l’autre. La console centrale, dont la surface est façonnée dans un bloc d’aluminium de 0,6 mmm d’épaisseur, s’insère parfaitement dans ce mouvement.

Petit clin d’oeil à la Suisse: même si, à bord d’une Bentley, le temps perd un peu de son importance, elle contient une montre analogique automatique «Côtes de Genève». Elle est surmontée par un panneau rotatif, qui s’active au moment où vous mettez le contact pur révéler un immense écran tactile.

C’est là qu’intervient le toucher: outre l’écran, chaque commande, chaque bouton, chaque molette a été étudié pour offrir une expérience haptique unique. Le grip des éléments rotatifs est assuré par une structure 3D en diamant, offrant un contrôle précis. Les tirettes servant à obturer plus ou moins les bouches de ventilation sont, elles, lisses et délicatement incurvées. Quant aux boutons à presser, ils offrent une résistance finement calculée pour assurer un contrôle parfait.

Ne manque, donc, que le goût à cette expérience unique. Mais personne ne serait assez grossier pour se risquer à manger des fish & chips à l’intérieur d’un tel sanctuaire, si?

Encore un détail? Ah, oui. Bien sûr… Et le comportement routier, direz-vous? Rassurez-vous, il est par-fait. Plus que parfait, même. Exceptionnel! Mais est-ce bien encore là l’essentiel, quand tout à bord est déjà si remarquablement hors du commun?

FICHE TECHNIQUE

CatégorieCoupé
Génération3
Prix neuf200 160 €
Catégorie fiscale58 cv
Nbr. portes2
Nbr. assises4
CarburantEssence
MoteurW12, Biturbo, 48 S, 5950 cm3
Position moteurAvant
TransmissionIntégrale
Puissance635 ch
Régime puissance maxi6000 tr/mn
Couple900 Nm
Régime couple maxi1350 tr/mn
BoîteAutomatique à double embrayage,
8 rapports
Essai réalisé le6-11 septembre 2018
866
Pneus AV de sériePirelli P Zero 265/40 ZR 21
Pneus AR de sériePirelli P Zero 305/35 ZR 21
Conso urbaine constructeur16,7 l/100km
Conso extra-urbaine constructeur9,5 l/100km
Conso mixte constructeur12,2 l/100km
Emissions CO2278 g/km
0 à 100 km/h constructeur3,7 s
Vmax constructeur333 km/h
Dimensions (l/L/h)4,85 m/ 2,19 m/ 1,41 m
Réservoir90 l
Coffre mini constructeur358 dm3
Poids constructeur2244 kg