Les discussions iraient bon train entre l’Allemand et l’Américain pour mettre leurs compétences en commun en vue d’une électrification et d’une autonomisation des modèles.

Tout ne va pas encore, à proprement parler «tout seul», mais les «discussions exploratoires» (sic!) semblent aller bon train entre le VW Group et Ford Motor. L’idée de ces négociations? Unir leurs forces et développer une alliance stratégique qui leur permettrait de développer des véhicules électriques et des véhicules autonomes possédant des bases communes. Pourquoi? Pour s’économiser des milliards de frais de recherche et développement. Selon l’une de ces célèbre «personnes-proche-du-dossier-mais-qui-ne-veut-pas-être-citée-ou-identifiée», les deux constructeurs devraient faire part de l’avancée de leurs tractations avant la fin de cette année encore. 

Officiellement? Les portes-parole des deux compagnies se bornent à répéter leur très officielle déclaration sur «l’existence de pourparlers qui ne concernent que le développement de véhicules» utilitaires. En clair et explicite, cela donne: «Nos discussions avec VW portent sur un certains nombre de collaborations potentielles dans plusieurs domaines différents. Il serait prématuré d’ajouter des détails supplémentaires pour l’instant». Un jolie planche de langue de bois signée Alan Hall, porte-parole de Ford.

Conjectures, donc, mais conjectures logiques. Et qui, si elles étaient avérées, aurait beaucoup de sens. Le développement de plateformes électriques et de véhicules autonomes communs, que ce ne soit que pour des véhicules utilitaires ou pour des gammes plus larges, semblent tout ce qu’il y a de judicieux. Ainsi Honda vient-il d’annoncer ce mois qu’il allait investir près de 2,75 milliards dans le projet de système de conduite autonome de General Motors pour développer conjointement des véhicules autonomes destinés à des flottes autonomes au niveau mondial.

C’est que Ford et VW ont ceci en commun d’être sous une pression extrême en Europe. Les ventes du premier ont chuté de façon spectaculaire, tandis que le second, emberlificoté dans les restes du dieselgate se voit de plus lourdement impacté par l’entrée en vigueur des nouvelles normes WLTP. Le responsable financier de VW, Frank Witter, a donc souligné le souhait de développer des alliances avec d’autres constructeurs, «surtout dans le domaine de la conduite autonome». Le même Witter a ajouté qu’un «partage de plateforme électrique avec Ford serait théoriquement possible, même si la priorité actuelle de VW était de déployer une offre 100% électrique au travers de se différentes marques.» À noter que Ford et VW collaborent déjà, conjointement à BMW et Daimler, au sein de IONITY, un projet de déploiement à l’échelle européenne, d’un réseau de recharge rapide. 

Mais chacun sait que, face au contrôle quasi total de la Chine en matière de technologie de batteries et de matières premières «électriques», le seul moyen d’envisager une démocratisation efficace de la voiture électrique est de parvenir à la produire à un prix approchant celui d’une voiture «traditionnelle», voire inférieur, pour convaincre les clients de l’acheter. Et que cela passe, forcément, par d’immenses économies d’échelle, uniquement réalisables en scellant des alliances. 

C’est que les ambitions de Volkswagen en la matière ont de quoi donner le tournis! Le groupe de Wolfsburg  a prévu d’investir la bagatelle de 34 milliards d’euros dans la mobilité électrique et la conduite autonome d’ici 2022. Et envisage de produire entre 2 et 3 millions de véhicules 100% électriques d’ici 2025 basés sur sa plateforme MEB! Pour ce faire, elle s’apprêterait, selon le Handelsblatt, à convertir ses usines d’Emden (Passat) et d’Hannovre (Amarok, Tiguan et e-Crafter) en chaînes de production entièrement dédiées aux véhicules électriques. De quoi venir compléter la production de l’usine de Zwickau qui, dès novembre 2019, se lancera dans la fabrication de la I.D. En outre VW se déclare prête à investir 50 milliards d’euros dans le seul approvisionnement en batteries d’ici 2025. 

Ford, lui, possède une certaine avance en matière de conduite autonome. Elle a crée une division chargée de développer les systèmes nécessaires et souhaite trouver des investisseurs extérieurs, sur le modèle de ce qu’à fait General Motors avec Cruise. Coût de l’investissement: 4 milliards de dollars. En outre, le groupe va investir 4 autres milliards d’ici 2023 dans  Ford Autonomous Vehicles LLC, y compris le milliard déjà investi dans Argo AI, une start-up de Pittsburgh spécialisée dans la conduite autonome que Ford a achetée en 2017.

Réunir le savoir-faire électrique de l’un et l’expertise en conduite autonome de l’autre pour le plus grand bénéfice des deux? CQFD. Même s’il y aura sans doute encore quelques stères de langue de bois à scier d’ici là…