Alerte rouge chez Jaguar Land Rover! Frappé de plein fouet par l’effondrement de ses ventes en Chine et les craintes liée au Brexit, le constructeur britannique cherche d’urgence 1 milliard.

Finies les années fastes, quand les Evoque se vendaient comme des petits pains, que les F-Type faisaient tourner toutes les têtes et que, à Coventry, les sourires étaient de rigueur. La fin de l’année dernière ressemble à la pire des jungles pour un constructeur dont la réputation des véhicules s’était pourtant bâtie sur leur capacité à passer partout. Depuis le dernier trimestre 2018, lors duquel la compagnie a été ébranlée par une perte de 4 milliards de dollars, Jaguar Land Rover se cherche un second souffle.

L’idée serait de parvenir à réunir un milliard de dollars via des financements alternatifs, pour compenser les pertes. Car le temps presse: il faut rembourser certains emprunts et, surtout, continuer à assurer les investissements massifs nécessaires au passage à l’électrique qui consomme du cash à la vitesse grand V. Pour y parvenir, JLR explore toutes les pistes, de l’augmentation des crédits, la location d’actifs ou le crédit à l’exportation. Même la fortune confortable du propriétaire indien de JLR, Ratan N. Tata n’y suffira pas. Il a même choqué ses investisseurs en révélant, mercredi dernier, l’ampleur des problèmes que JLR rencontre en Chine: des ventes en baisse de 35% qui se traduisent par des pertes de 354 millions de dollars…

Jaguar F-Type Coupe, édition spéciale «Chequered Flag» 2019

En tout, Jaguar Land Rover a annoncé une perte de 4,4 milliards de dollars le 7 février dernier. Ce qui pousse le plus grand constructeur britannique à devoir se séparer de 4500 collaborateurs, soit environ 10% de ses employés. Et ce sans compter les 1500 personnes qui avaient déjà quitté l’entreprise en 2018. Ces mesures devraient générer des coûts supplémentaires uniques de l’ordre de 200 millions de livres pour le trimestre à venir. Du coup, les obligations de 4,5% de JLR arrivant à échéance en janvier 2026 ont chuté à un minimum de 77 cents par euro.

Ces sombres nuages chinois viennent s’ajouter aux effets pervers du Brexit qui n’incite pas les investisseurs à l’optimisme, ainsi qu’à la position radicale du gouvernement qui plombe les ventes de véhicules diesel, ceux-là même qui représentent la majorité de la production de JLR.

À l’impact sur les employés viennent s’ajouter des effets directs pour les clients. Ainsi, ceux qui attendaient impatiemment l’arrivée de la «Super Range» SV Coupe vont être déçus: alors que cette version exclusive limitée à 999 exemplaires allait enter en production sur les chaînes du centre technique des Special Vehicle Operations, JLR a tout annulé! Pourtant, à 295 000 dollars l’unité, ce véhicule qui avait été prévu pour marquer les 50 ans de Range Rover aurait pu rapporter gros. Certains clients avaient même déjà passé des commandes fermes et choisi leurs options pour ce véhicule qu’on avait pu découvrir l’an dernier au Salon de Genève et qui préfigurait la réponse sportive de JLR au Bentley Bentayga et au Rolls-Royce Cullinan.

Ce superbe engin, à trois portes, devait être motorisé par un bloc V8 Supercharged développant 557 chevaux. Mais le problème venait surtout de la superstructure de la bête, fabriqué avec des panneaux d’aluminium, qui aurait été particulièrement onéreux à produire. De plus, il était prévu de fabriquer chaque voiture comme une pièce unique, le choix de chaque élément par le client aurait, lui aussi, fait grimper les coûts de production et, donc, réduit les marges espérées. JLR a donc préféré stopper le produit. Une décision parmi d’autres, comprise dans un programme de réduction des coûts destiné à permettre d’économiser près de 3,2 milliards de dollars.

Jaguar I-Pace: l’électrique c’est bien, mais ça coûte cher…

Dans un communiqué, l’entreprise a déclaré «recentrer ses ressources et ses investissements sur une prochaine génération de produits destinés au marché mondial. JLR, qui ne sera pas présente au prochain salon GIMS de Genève, du 7 au 17 mars prochains, se prépare à lancer plusieurs modèles essentiels, comme la nouvelle version, très attendue, du Land Rover Defender, la seconde génération du Range Rover Evoque et un Range Rover d’entrée de gamme sur lequel JLR espère générer de grands profits. Parallèlement, JLR parie toujours sur le futur et continue à investir massivement dans le développement de futurs modèles électriques et de véhicules autonomes. On parle même, du côté de Coventry, d’un possible remplacement de la gamme des XE et XF par un seul modèle… électrique.