Pour fêter ses 70 ans, Abarth s’est vu proposer une magnifique vitrine au GIMS 2019. La collection unique réunie par Engelbert  Möll a été mise en scène par un passionné des voitures anciennes. Ainsi mises en valeur, elles vont retrouver, le temps d’un salon, leur célébrité passée…

En Suisse romande, peu de monde connaît Peter Ruch. C’est dommage… Journaliste spécialisé, membre du prestigieux jury COTY qui élit la Voiture de l’Année et responsable du site radical-mag.com, c’est aussi un passionné de mécanique et un amoureux (et grand connaisseur) des voitures anciennes. C’est à lui – et au fondateur de la collection, Engelbert Möll – que l’on doit le plaisir et le bonheur de pouvoir admirer cette fabuleuse collection d’Abarth à Palexpo.

Peter Ruch

Pour le plaisir, nous avons repris les textes originaux écrits par Peter Ruch pour radical-mag.com et nous vous les avons traduits. Pour que vous puissiez vous aussi profiter de l’incroyable saga de Carlo Abarth, le «sorcier» qui transformait des voitures banales en bijoux mécaniques. Nous vous avons ainsi préparé une mini-série de 10 épisodes, un par jour du salon GIMS 2019. Notre premier épisode est à lire ci-dessous… Bonne lecture!

1/10 Fiat Abarth 500/595/695/695
Les «naines fantastiques»

Fiat Abarth 595 SS 1970

Le succès d’Abarth est inextricablement lié au lancement de la Fiat 500 en 1957. Comme la 500 ne se vendu pas aussi bien que prévu (ou du moins: espéré) par la direction de Fiat au début, la variante Abarth disponible quasi immédiatement après l’introduction du modèle standard en 1957 n’est pas non plus un succès. Le public voit surtout le surcoût élevé: une Fiat 500 coûte 457 000 lires, l’Abarth… 539 450 lires. En fait, c’est pourtant une excellente affaire: au lieu des 13,5 chevaux fatigués de la Fiat, vous obtenez 21,5 ch réveillés – ce qui justifie largement ledit surcoût.

Mais Carlo Abarth a toujours dans sa manche un atout qu’il sort volontiers: le «tournedisque». Du 13 au 20 février 1958, à Monza, une Fiat 500 Abarth a «tourné en rond» et parcouru 18 186 kilomètres – soit une moyenne de 108.52 km/h – pas si mal pour une naine! Cette grande réussite change immédiatement la relation entre Fiat et Abarth. «Le magicien» a ensuite un accès direct au coeur même de Fiat. On dit même que Fiat paie comptant, chaque lundi, pour chaque succès que les scorpions ont remporté en course durant le week-end.

Carlo Abarth ne se repose pas sur ses lauriers pour autant. Mais il lui faut quand même attendre jusqu’en 1963 pour qu’enfin quelque chose de neuf se passe avec la 500. Un succès arrivé par petites étapes. En septembre 1963 sort la 595, donc avec une cylindrée augmentée et, par conséquent, plus de puissance: 27 ch. Ces machines connaissent un grand succès: les 1000 exemplaires nécessaires à l’homologation sont fabriquées et vendues en moins de quatre mois! Ensuite, il y a la 595 SS (prononcez èssèèsse) qui, dans un premier temps, grimpe à 32 ch, puis, avec le carburateur Solex 34 PBIC, à 34 ch. Et finalement la 695, dotée d’une plus grande cylindrée mais avec la même puissance, puis la 695 SS qui atteignait 38 ch. Oh oui, on parle toujours d’un engin de 500 kilos. Mais c’est du travail d’orfèvre: arbre à cames plus «pointu», compression plus élevée (10,5:1), canaux polis, grand carter d’huile…

Au total, il y aura ainsi 12 dérivées de l’Abarth 500, 595 et 695: voie étroite, voie large, SS ou non, et même «Assetto Corsa». Et parce que beaucoup de ces Abarth sont des voitures de course (relativement bon marché), beaucoup aussi sortent de la piste… Difficile, du coup, de s’y retrouver aujourd’hui: les vraies Abarth de course, avec un véritable historique, sont rares – et donc relativement chères. Sans oublier la belle et légendaire histoire des «boîtes en bois»… Le kit complet de modification «course» était expédié à des revendeurs Abarth choisis, dans ces fameuses caisses en bois. Ce qui leur permettait de transformer les «naines» de Fiat en «super naines de course». Reste que, le plus souvent, elles étaient surtout utilisées comme «café racers», pour parader d’un bistrot à l’autre dans les petites rues italiennes…

Fiat Abarth 595 SS 1970

Le véhicule exposé ici est une Fiat Abarth 595 SS Corsa de 1970, présentée avec la 695 SS le 28 février 1970 au 4e Salon de Turin au Museo dell’Automobile «Carlo Biscaretti di Ruffia». Les deux modèles se distinguent par leurs voies nettement plus larges (1405 millimètres pour la 595, 1435 millimètres pour la 695) et par leurs élargisseurs d’ailes rouges. Lors de la toute première apparition du «Jolly Club» à Monza, elles ont remporté deux victoires de classe: Marco Magri l’a emporté avec un 595 et Angelo Mola a gagné au volant d’une 695.. (pru)