Plus puissante Porsche atmosphérique, la fabuleuse GT3 RS est un monstre, au propre comme au figuré. On a essayé de la dompter.


Croiser la route d’une 911 GT3 RS? C’est le choc assuré! Choc esthétique, d’abord. Dans sa livrée vert pomme, notre voiture de test ne passe, c’est le moins qu’on puisse écrire, pas inaperçue! Et l’intérieur n’est pas en reste! Les sièges, les surpiqûres et les ceintures de sécurité vert pétard, ça flashe!

Le choc sonore, ensuite. Tourner la clé dans le contacteur revient à déchaîner les enfers. Là encore, pour un départ discret le matin tôt, quand les voisins dorment, c’est râpé…

Le choc physique, enfin. Parce que la GT3 RS est bien plus proche de la version Cup de circuit que de la très confortable Cayenne ou de la fort civile Panamera. La GT3 RS, c’est la quintessence de l’esprit Porsche: un engin tourné vers un seul et unique but: la performance. Brute. À bord, ça gratte, ça vibre, ça grince bref, ça vit! Et si on n’avait pas relu trois fois la fiche technique, jamais on aurait cru que le châssis de l’engin est adaptatif. Mais bon, après plusieurs centaines de kilomètres au volant, on confirme: le pilote à le choix. Entre «très dur» et «plus dur que dur». La performance est à ce prix.

Parce que même si elle a été «détrônée» par la GT2 RS sur le podium de la course à la puissance, la GT3 RS reste à nos yeux la plus folle, la plus belle, la plus pure des 911 de série actuelles. Ici, pas d’artifice! Pas de turbo, ni de compresseur. Juste un formidable «flat six» de 3996 cm3, développant la bagatelle de 520 chevaux. 20 de plus que sur le modèle précédent! Bien sûr, les esprits chafouins objecteront que, en regard des 700 chevaux de la GT2 RS, ça fait «peu». Ceux-là n’ont jamais essayé de danser avec elle dans les virages…

Parce que la GT3 RS est une voiture de puristes. Une vraie, une authentique. Sans fard, sans concessions. Un vrai monstre mécanique dont le couple fantastique de 470 Nm vous colle au siège en même temps que la voiture, elle, colle à la route. Des accélérations de feu, des changements de rapports instantanés, assurés par une boîte PDK à double embrayage qui se paye même le luxe d’avoir une position «sport»! De quoi assurer des temps de réactions encore raccourcis, des petits «coups de gaz» automatiques et la possibilité d’actionner les palettes – ou de manoeuvrer le levier – sans lever le pied de l’accélérateur. À l’arrivée, des accélérations éclair, sans la moindre perte de puissance. Fou!

Alors oui, soyons clairs: pour rouler tout les jours avec, ce serait folie que de choisir une GT3 RS. D’abord, parce qu’elle est bien trop extrême, trop radicale et trop folle pour la contraindre à se faufiler dans le trafic des heures de pointe en ville. Ce n’est pas parce qu’elle a été dotée d’un GPS, d’un autoradio et de quatre clignoteurs qu’elle a été «civilisée». À bord, le moindre caillou, la moindre grille d’évacuation d’eau se sent. Jusque dans la dernière de vos vertèbres, des lombaires aux cervicales. Et on ne vous parle même pas des gendarmes couchés… Cela dit, honneur aux ingénieurs de Porsche: ils ont pensé à doter ce missile sol-sol d’un système permettant de surélever l’avant de quelques millimètres. Évidemment, ça a été pensé dans l’optique de faciliter la descente de la bête de sa remorque, une fois arrivé sur le circuit mais, dans la vie de tous les jours, ça peut aussi s’avérer utile. À l’abord desdits gendarmes couchés précités, par exemple. Mais aussi quand, comme nous, vous avez un garage situé au-delà d’un trottoir surbaissé qu’il faut passer avant de parquer l’engin pour la nuit…

Pour rouler tous les jours, optez donc pour une Carrera, c’est largement mieux adapté. La GT3 RS, elle, aime le circuit, la piste, la guerre contre le chrono. Mais comme on n’a pas ça en Suisse et que le temps nous manquait pour aller du côté du Laquais ou de Bourg-en-Bresse, on s’est rabattus sur les cols du Jura vaudois. Mazette!

Ca ne se voit peut-être pas à l’oeil nu, mais l’une des particularité de cette GT3 est d’avoir, outre le châssis sport et le contrôle du vecteur de couple (torque vectoring) , des roues arrières directionnelles. Elles braquent d’un rien, soit, mais rendent du coup les virages aussi «faciles» que possible. Et comme l’appui aérodynamique la visse par terre, la GT3 permet des vitesses de passage en courbe absolument bluffantes. La direction étant chirurgicale et le freinage démoniaque, ça permet des trajectoires d’entrée folles, un placement millimétrique et des sorties de virage explosives.

Attention toutefois: c’est une «100% propulsion»! Un excès d’optimisme peut facilement être compensé par les assistants électroniques. Mais comme elle descend en droite ligne des reines de la piste, ses assistances peuvent être débranchées. Entièrement ou partiellement. Il suffit d’une pression longue sur le bouton «ESC OFF» pour débrancher l’assistant de trajectoire. Et une seconde pression, longue aussi, sur le bouton «ESC + TC OFF» vous prive en sus du filet de sécurité du contrôle de traction. À partir de là, seul maître à bord, il vous incombera de garder la tête froide. Parce qu’à la moindre sollicitation brusque de l’accélérateur – et malgré des pneus arrière de 325 –  le train arrière n’encaissera pas les 470 Nm de couple sans se mettre à vouloir passer, obstinément, avant l’avant…

On pourrait vous parler, encore, des nombreux raffinements de l’habitacle. De la cage de sécurité peinte dans la même teinte de la carrosserie, de ce petit luxe qui consiste à avoir équipé le baquet en carbone d’un petit moteur permettant d’en régler la hauteur, ou de l’ineptie fondamentale d’avoir mis un système audio à bord de ce sublime concerto mécanique sur quatre roues. On pourrait vous parler de la frustration de ne pas pouvoir voir un bout de ce formidable moteur sans se coucher sous la voiture, ou de ces incroyables ouïes percées dans les ailes pour permettre de refroidir les freins. On pourrait…

Mais pour les détails, on vous laissera seuls juges. Allez donc faire un essai si vous en avez l’occasion.  Rien que pour ressentir les vibrations de l’engin au démarrage, éprouver, une fois, cette formidable poussée et tutoyer, l’espace d’un moment, la perfection de la conduite sportive, le jeu en vaut la chandelle…

FICHE TECHNIQUE

VIDÉO